L’inquiétude des américains sur la santé de Biden et Trump ?

Le président Biden et l’ancien président Donald J. Trump sont les personnes les plus âgées à avoir brigué la présidence, remettant en question les normes sur ce que le public devrait savoir sur la santé des candidats.

Le président Biden a 81 ans et son rival, Donald J. Trump, 77 ans, et de nombreux électeurs pensent que les deux hommes sont trop vieux pour un autre mandat . Leurs médecins les déclarent aptes à servir, mais aucun d’eux n’a accepté d’ouvrir son dossier médical pour le prouver.

M. Biden a publié un résumé de six pages des résultats des tests médicaux en février, mais son médecin a refusé d’être interviewé par les journalistes. M. Trump a révélé moins que M. Biden ; sa dernière note publique de son médecin, en novembre, comptait trois paragraphes. Aucun des deux hommes n’a subi une évaluation complète de sa santé mentale, une batterie de tests souvent administrés à des personnes de leur âge.

La vérité de longue date sur le système politique américain est que les présidents et les candidats à la présidence choisissent ce qu’ils doivent tester, ce qu’ils doivent ignorer, la quantité d’informations médicales à divulguer au public et, en fin de compte, ce que les électeurs sauront sur leur santé et leur bien-être.

Mais l’élection entre les deux personnes les plus âgées à avoir jamais brigué la présidence remet en question cette notion. Non seulement M. Biden et M. Trump ne font rien de plus pour rassurer les Américains sur leur capacité à mener une bonne partie de leur neuvième décennie, mais ils en font moins que leurs prédécesseurs sur certains points importants.

Des tentatives qui n’aboutissent jamais

Le New York Times a envoyé des lettres de cinq pages à la campagne Trump et à la Maison Blanche contenant des questions détaillées sur la santé des candidats. La campagne Trump n’a pas répondu à la lettre, qui comprenait des questions sur la santé mentale, la santé cardiaque et s’il avait pris Ozempic pour perdre du poids.

La Maison Blanche a dirigé les questions sur la santé de M. Biden vers le résumé de son médecin lors de l’examen médical du président en février, qui a conclu que M. Biden était apte au travail.

Les questions du Times sur la santé mentale n’ont cependant pas été abordées dans le résumé.

Il faisait référence à une série de 33 tests connus sous le nom de batterie d’évaluation neuropsychologique, qui peuvent détecter la démence et d’autres dysfonctionnements cérébraux.

Lors d’entretiens avec une douzaine des plus grands experts du pays en matière de vieillissement, tous ont décrit des schémas inexorables qui s’accélèrent presque toujours après 80 ans. Le corps devient plus fragile, plus sujet aux dommages et moins susceptible de se rétablir rapidement. Le risque de maladie cognitive augmente . 3% des personnes âgées de 65 à 69 ans ont reçu un diagnostic de démence ; à 90 ans, il est de 35 %.

L’inquiétude des Américains sur les questions d’âge des candidats

Les questions sur l’âge et la santé des deux candidats traversent le débat politique. Jusqu’à présent, les réponses n’ont pas été reçues.

Cela signifie que les Américains doivent juger de leur aptitude à exercer leurs fonctions de la pire manière possible, selon les experts en matière de vieillissement : de loin, en grande partie sur la base d’extraits de leurs apparitions publiques (les bonnes et les mauvaises.)

Le cas de M. Biden

Le président a une réplique commune à quiconque exprime des inquiétudes concernant son âge et sa santé mentale : « Regardez-moi ».

Ses assistants ont déclaré qu’il s’entraînait régulièrement, soulevant des poids certains matins et roulant sur un Peloton. Le mois dernier, il a prononcé un discours énergique sur l’état de l’Union. Et ces dernières semaines, il a sillonné le pays pour prononcer des discours et collecter des fonds de campagne à un rythme qui pourrait épuiser n’importe quel candidat, quel que soit son âge.

Mais d’autres apparences sont extrêmement dommageables . Lors d’une collecte de fonds exclusive à New York l’été dernier, il a raconté la violence raciale à Charlottesville, en Virginie, qui l’a poussé à se présenter à la présidence en 2020. Quelques minutes plus tard, il a raconté à nouveau la même histoire, pratiquement mot pour mot, suscitant des regards inquiets de la foule.

«Je sais que j’ai l’air d’avoir 30 ans», a ensuite plaisanté M. Biden sous les rires tièdes de la salle. “Je fais ça depuis longtemps.“

Lors de l’examen médical de M. Biden, son médecin et une équipe de spécialistes ont choisi de ne pas procéder à la batterie d’évaluation neuropsychologique, ni à une évaluation globale similaire de sa santé mentale.

Le médecin a décidé qu’un tel test n’était pas nécessaire car M. Biden démontrait régulièrement ce que l’équipe médicale considérait comme un fonctionnement exécutif de haut niveau, selon des personnes proches de la décision.

Le résumé du Dr O’Connor comprenait également les résultats d’analyses sanguines courantes, les médicaments pris et une discussion sur la lutte du président contre l’apnée du sommeil. Mais le Dr O’Connor n’a fourni aucune pièce justificative.

La plus grande omission, selon les experts médicaux, était le manque de tests cognitifs.

Le cas de M. Trump

Même selon les normes des candidats précédents (et contrairement à M. Biden) les informations fournies par M. Trump sur sa propre santé ont été exceptionnellement opaques.

Dans sa lettre de novembre, le Dr Bruce A. Aronwald a déclaré que « les examens cognitifs de M. Trump étaient exceptionnels».

Mais il n’a proposé aucune justification à ses affirmations. Il n’a pas précisé quels types de tests l’ancien président avait subi. Il n’a fourni aucun résultat d’analyse sanguine. Il n’a pas précisé quels médicaments prend M. Trump. Il n’a pas expliqué quels examens cognitifs l’ancien président avait passés, quand il les avait passés ni quels en étaient les résultats spécifiques.

Sans plus d’informations ni de tests, les experts médicaux affirment qu’il est impossible de juger avec précision de l’état de santé de M. Trump, au-delà du fait qu’il est sujet aux mêmes types de déclin rapide que ceux qui affectent souvent les personnes de son âge.

M. Trump, qui se présente à la présidence tout en se défendant contre des dizaines de chefs d’accusation, parle régulièrement de son endurance et de sa vitalité. Il organise des rassemblements longs et grandiloquents, restant souvent sur scène pendant plus d’une heure. Mais il a aussi commis une série de gaffes .

Lors d’un discours de campagne dans le New Hampshire en janvier, il a confondu Nikki Haley, son adversaire républicaine, avec l’ancienne présidente Nancy Pelosi. Il a affirmé avoir battu l’ancien président Barack Obama en 2016, alors qu’il s’était présenté contre Hillary Clinton.

Récemment, lors d’une conférence de presse, il a semblé confondre la gouverneure Kathy Hochul de New York avec l’ancien gouverneur de l’État Andrew Cuomo, qui n’occupe plus ce poste depuis 2021.

Fred Trump, le père de l’ancien président, a développé la maladie d’Alzheimer au milieu de 80 ans. Ceux qui étudient la maladie affirment que le risque de M. Trump de développer la maladie d’Alzheimer, déjà plus élevé en raison de son âge, augmente d’ environ 30 % en raison du diagnostic de son père.

Lorsque M. Trump était président, son poids, ses antécédents d’hypercholestérolémie et son manque d’exercice l’exposaient à un risque plus élevé de développer une maladie cardiaque pouvant entraîner une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, selon une lettre publiée par son médecin en 2018.

En 2018, le médecin de M. Trump a déclaré qu’il pesait 239 livres, soit seulement une livre de moins que la définition médicale de l’obésité pour sa taille et son âge. L’année dernière, lorsqu’il a été incarcéré à la prison du comté de Fulton en Géorgie, il a indiqué qu’il pesait 215 livres (un chiffre que de nombreuses critiques ont remis en question).

Une grande partie des informations publiques concernant son état de santé ont été truffées d’exagérations. Après que M. Trump a annoncé sa candidature en 2015, son médecin, Harold Bornstein, gastro-entérologue de New York, a écrit que « s’il est élu, M. Trump, je peux l’affirmer sans équivoque, sera l’individu le plus en bonne santé jamais élu à la présidence ».

L’opinon des américains

Dans un sondage du New York Times/Siena College mené à l’automne dernier dans six États du champ de bataille, 70 % des électeurs ont déclaré que M. Biden était trop vieux pour être président. Moins de la moitié des électeurs ont exprimé des doutes similaires à l’égard de M. Trump, même si ses détracteurs affirment que son mépris des faits et ses discours en salade de mots prouvent qu’il n’est pas apte à occuper à nouveau ses fonctions.

Les médecins ont exprimé un profond scepticisme quant à l’idée de se fier uniquement aux informations fournies par les médecins personnels des candidats pour obtenir des informations sur leur santé.

Par ailleurs, il n’existe aucune obligation légale de divulguer des informations sur la santé. Et les candidats invoquent souvent le même désir de respect de la vie privée qui est au cœur des protections contre la divulgation des dossiers médicaux de tous les Américains.

En 2008, les conseillers politiques de M. McCain considéraient ses révélations comme essentielles pour répondre aux inquiétudes des électeurs concernant son âge et le risque de maladie pendant son mandat.

Barack Obama, qui avait 47 ans lorsqu’il a battu M. McCain, a publié une lettre d’une page de son médecin pendant la campagne de 2008, mais a ensuite proposé des tests de laboratoire et des électrocardiogrammes à l’appui.

Ni M. Biden ni M. Trump n’ont reconnu avoir fait des aménagements en raison de son âge.

Pour les deux hommes, disent les médecins, la prudence est médicalement justifiée : les personnes âgées sont plus fragiles que les plus jeunes. La semaine dernière, l’ancien sénateur Joseph I. Lieberman du Connecticut est décédé des complications d’une chute à 82 ans.

Faire campagne pour la présidence (et occuper ce poste) est extrêmement éprouvant. Au cours de sa propre campagne pour la Maison Blanche, la vice-présidente Kamala Harris a comparé cela aux rigueurs du métier d’avocat lors d’un procès prolongé.

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