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Ce dimanche 10 mars au Portugal, la coalition de centre droit s’est hissée en tête des élections législatives, marquant la fin de huit ans de gouvernance socialiste. Les socialistes se retrouvent en deuxième position, suivis de près par l’Alliance démocratique (AD), tandis qu’une notable montée de l’extrême droite est observée, d’après divers sondages post-électoraux.
Dirigée par Luis Montenegro, âgé de 51 ans, l’Alliance démocratique de centre droit a triomphé aux urnes dimanche, récoltant 29,49% des voix contre 28,66% pour le Parti socialiste (PS). La compétition a été serrée et la nuit électorale particulièrement longue. Luis Montenegro a revendiqué un triomphe « sans conteste », exprimant son désir de gouverner avec une « majorité relative » au sein du Parlement, après une période de huit ans sous l’égide socialiste.
Avec 75 députés contre 77 pour l’AD, le parti socialiste concède sa défaite. Cependant, quatre sièges restent à attribuer, dont deux pour le circuit électoral européen et deux pour le reste du monde, nous informe Marie-Line Darcy, notre correspondante de RFI à Lisbonne. Bien que le résultat final demeure en suspens, l’AD a déjà revendiqué sa victoire et le PS a admis sa défaite.
Selon les résultats presque complets fournis par le ministère de l’Intérieur, M. Montenegro semble incapable de former à lui seul une majorité stable. Toutefois, il a réitéré son refus de gouverner avec le soutien d’un parti d’extrême droite qui a vu sa popularité augmenter lors de ces élections. Il avait espéré s’appuyer sur le petit parti Initiative libérale, mais ensemble, ils semblent ne pas atteindre le seuil des 116 députés nécessaires pour une majorité absolue sur 230 sièges.
Le PS, qui avait obtenu une majorité absolue lors des dernières élections législatives en janvier 2022 avec 41,4% des voix, se place maintenant en deuxième position avec 28,66%. Suite au départ d’Antonio Costa, le PS s’est rallié autour de Pedro Nuno Santos, un ancien ministre de 46 ans de son aile gauche. Malgré un bilan de gouvernance marqué par l’assainissement des finances publiques, une croissance économique supérieure à la moyenne européenne et un taux de chômage faible, le gouvernement sortant a été éclipsé par l’inflation, des problèmes dans les hôpitaux et les écoles, ainsi qu’une crise du logement significative.
Ascension remarquée de l’extrême droite
Ce scrutin, anticipé suite à la démission du Premier ministre sortant Antonio Costa qui ne sollicitait pas un nouveau mandat, confirme la progression de l’extrême droite à travers l’Europe. Le Portugal était l’un des rares pays européens dirigés par la gauche lorsque Antonio Costa, à 62 ans, a démissionné après avoir été impliqué dans une affaire de trafic d’influence début novembre.
André Ventura, le leader de l’extrême droite portugaise, a immédiatement salué « un résultat absolument historique », se déclarant « disponible » pour « offrir un gouvernement stable au Portugal » au sein d’une « majorité de droite solide ». Son parti antisystème Chega (signifiant « assez ») dispose désormais de 48 députés à l’Assemblée, soit quatre fois plus qu’auparavant.
Ventura a rapidement appelé à la formation d’une coalition gouvernementale avec le parti social-démocrate de Luis Montenegro, le probable futur Premier ministre, estimant que seul un « irresponsable » refuserait cette alliance pour contrer les socialistes. Ventura, devenu une figure centrale, a proclamé : « Les Portugais ont parlé. L’AD souhaitait une majorité absolue, elle en est loin. Le PS aspirait à une majorité relative, il en est loin. Chega voulait devenir un acteur clé du système politique, et il a réussi. »
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Refus d’alliance avec Chega
Luis Montenegro, fidèle à ses engagements de campagne, a affirmé qu’il n’entrerait en alliance avec Chega.
Cette émergence de l’extrême droite survient alors que le Portugal s’apprête à célébrer le mois prochain le 50e anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a renversé la dictature fasciste et mis fin à 13 années de guerres coloniales.
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